La flore des lacs de canards

Les étangs et les mares cachés sont un monde à part, un monde silencieux et secret. Vestiges d'une époque où le fleuve suivait encore son cours sans être domestiqué. Elles sont souvent éloignées de plusieurs kilomètres de la rive et coupées du courant vivant par des digues.

Des plantes étranges poussent ici à la frontière entre l'eau et la terre. Dans l'eau boueuse, il y a une plante mignonne avec des feuilles élancées en forme d'épée et une inflorescence ramifiée parsemée de petits et grands hérissons verts. Qui connaît l'épi hérisson caché dans le marais ? Non loin de là pousse la cuillère à grenouille, dont les feuilles font penser à des cuillères, mais avec lesquelles les grenouilles ne mangent certainement pas. La fleur de cygne est plus frappante. Entre des feuilles triangulaires d'un mètre de long immergées dans l'eau, elle porte sur une tige ronde sans feuilles une grande ombelle sur laquelle se trouvent de magnifiques fleurs roses. Les feuilles en forme de flèche et les fleurs blanches à trois pétales de l'arrow-root émergent de l'eau plus profonde. Le nénuphar jaune repose au fond de l'eau avec des rhizomes de la taille d'un bras et pouvant atteindre trois mètres de long. Au printemps, elle pousse d'abord d'étranges feuilles immergées vert clair, suivies de feuilles flottantes cordiformes et coriaces et enfin de fleurs de naïade jaunes à long pédoncule. Le mille-feuille a des feuilles particulièrement finement divisées, ce qui donne l'impression de mille "feuilles". Lorsqu'on la sort de l'eau, ces délicates formations s'effondrent en un amas flasque. Les feuilles du lotier corniculé, qui nage sans racines, sont un peu plus rigides et plus dures.

De fines feuilles vertes - des lentilles d'eau - flottent à la surface de nombreuses mares. Elles sont souvent si nombreuses que l'on ne distingue plus la surface de l'eau en tant que telle et que l'on a l'impression d'avoir un grand tapis vert devant soi.

Elles ont besoin de si peu pour vivre dans l'eau ! Un peu de feuilles vertes emballées dans un petit coussin flottant, une racine filiforme qui pend dans l'eau, et voilà. C'est suffisant pour vivre et se reproduire.

Les fleurs de l'iris d'eau sont grandes et jaunes, les épis de la salicaire sont pourpres. Les roseaux forment un mur impénétrable.

Le myosotis des marais étend son tapis d'un bleu profond, interrompu par les fleurs jaune d'or de la renoncule rampante entre le cresson des marais et le pâturin des marais.

Dans la strate arborée, le saule argenté est le seul à régner sans concurrence. Les arbustes ne peuvent de toute façon pas pousser ici, car ils seraient entièrement submergés et noyés en cas de crue.

Peu à peu, le sol devient plus sec et les orties à hauteur d'homme commencent à proliférer, les ronces alluviales à pousser et le houblon sauvage à grimper. Le saule argenté doit partager l'emplacement avec le cerisier à grappes et le cornouiller.

 

Vers le Danube, la profonde Weidenau est suivie de la profonde Erlenau, où fleurissent au printemps les perce-neige, l'étoile bleue, l'ail des ours et plus tard l'ortie, l'ortie dorée et la reine des prés. Dans la strate arbustive, on trouve encore le sureau noir, le fusain d'Europe, la viorne et la clématite des bois ou encore la liane.

Dans cette région, la société de la Weidenau profonde est encore quelque peu naturelle, ce qui n'est plus le cas de la Erlenau haute. Suite à la construction de la centrale électrique d'Ybbs/Persenbeug, cette zone le long du Danube a été déblayée en raison de l'élévation du niveau de l'eau et plantée en grande partie de peupliers hybrides. 

 

Robert Gattringer, garde de la nature de Haute-Autriche